La vie est un large fleuve tranquille

La vie est un large fleuve tranquille

Article publié le 28 novembre 2010 sur le blog Horizon Désarmant

La vie peut être faite de plein de choses. Elle peut être remplie d’aventures, de voyages autour du monde, de changements de dernière minute et d’explorations risquées. Elle peut aussi être douce, calme, tranquille, simple mais pleine d’imagination. Cette vie-là, c’est celle que mènent les quatre filles de la résidence Hidamari, Yuno, Sae, Hiro et Miyako. Elèves de la Yamabuki Arts High School, elles habitent toutes les quatre dans ce petit immeuble et ne se lâchent jamais. Hidamari Sketch (2007) raconte ce quotidien, chez elles, à l’école, et parfois ailleurs lors de leurs sorties. Jusque-là, rien de bien original, mais la magie de l’animation donne à cette adaptation du manga de Ume Aoki une saveur à la fois réconfortante et fantaisiste, que l’on savoure le long de 12 épisodes plus trois spéciaux.

Lancée le 11 janvier 2007, la première saison d’Hidamari Sketch est produite par le studio Shaft, fréquemment associé au nom d’Akiyuki Shinbo, réalisateur atypique aux tics reconnaissables entre mille. Il partage ici le poste avec Ryouki Kamitsubo. Très vite, l’identité visuelle de l’anime se révèle : chacun des personnages est identifié par un signe, comme Yuno par la croix dans ses cheveux. Ceux-ci apparaissent parfois flottant dans l’air voire en gros plan. Des gestes comme la marche sont également représentés de manière elliptique, par des petits points, et l’état des personnages astucieusement souligné, comme quand Yuno devient rouge des pieds à la tête alors qu’elle est au lit avec de la fièvre. Minimalistes et géométriques, les décors achèvent de donner à la série cette touche visuelle si spéciale. Des photos apparaissent également quelquefois. Un peu comme sur le bureau et dans la tête d’un étudiant en art, il y a de tout. Du côté des oreilles, les signes et actions sont souvent accompagnés de sons, marquant l’étonnement, le déplacement, la fatigue… Les sens ainsi mobilisés, on ne s’ennuie jamais devant un épisode car la forme n’est pas soporifique.

Et pourtant, les conversations des quatre copines paraissent parfois complètement dérisoires. Pour créer un épisode d’Hidamari Sketch, essayez ça : baladez-vous chez vous, et imaginez une histoire avec chaque objet, chaque pièce, chaque mur, ajoutez-y des souvenirs d’enfance, des jeux de mot et une part de rêverie, et vous tiendrez peut-être quelque chose. Au lieu de donner à ses personnages un destin incroyable qui les dépasse, l’anime montre une sorte d’hyper-sensibilité aux objets communs, comme un réveil, une feuille blanche, une piscine gonflable, ces choses que l’on néglige parfois alors qu’elles sont la source de tant de petits bonheurs. Et comme dans la vraie vie, les conversations vont d’un sujet à l’autre, au rythme des associations d’idées et des choses qui se présentent. De mon côté, mes passages favoris sont les plus rêveurs comme cet épisode où Miyako est prise dans la légende du renard, ou celui avec la fièvre évoqué plus haut.

Dans Hidamari Sketch, on ne croise pas les soucis du quotidien, les gens désagréables et les horreurs du monde. Le spectateur se sent enveloppé dans une chaude et moelleuse couverture de bonheur, avec une couche de moe par-dessus pour achever de le ramollir. Pas celui qui fait appel à nos bas instincts, mais plutôt au goût pour tout ce qui est doux et rassurant, comme une couette, un bol de chocolat chaud, un mot gentil ou un sourire. Certes, ce n’est pas forcément ainsi que l’on entre en profondeur dans la psyché des personnages. L’anime nous montre bien Yuno s’interroger sur son futur, et Sae se passionner pour l’écriture, mais le reste du temps, Yuno reste Yuno, gentille et attentionnée, Miyako reste Miyako, gloutonne et spontanée, Hiro reste Hiro, élégante et angoissée, et Sae reste Sae, sympathique et timide.

Un dernier mot sur la musique, plutôt discrète, quelques notes par-ci, quelques notes par-là, qui relèvent l’action juste ce qu’il faut et donnent un côté sketch, en référence au matériau original qui est un yonkoma, un manga en quatre cases. Interprété par les doubleuses, l’opening est lui très dynamique, une constante des différentes saisons de l’anime Hidamari Sketch. Pour l’ending, changement d’ambiance : fini de courir partout, place à la mélancolie, ce qui là encore se retrouve par la suite, notamment avec Hidamari Sketch x365. A la fin de chaque épisode, cette chanson, interprétée par le duo Marble, laisse une sorte de vague-a-l’âme. Comme pour dire que c’est aussi ça, la vie.

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Photo : Unsplash par Lucas George Wendt, licence Unsplash

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